mercredi 22 décembre 2010

empreinte_04


7, rue de Vanves : immeuble jaune

Le 17 décembre dernier, Marguerite a eu 95 ans. Qu'elle soit plus parmi nous ayant rejoint le cimetière familiale de Eckarstwiller, cela ne change rien. Toujours là dans la tête au milieu de son appartement du 7, rue de Vanves. Avec ses amis trouant les cartes du PMU avec une perforeuse prévu à cet effet, recevant Nenette, sœur d'André, sa fille Andrée, son fils, Jean-Claude, Nicole, sa belle fille, ses petits enfants, Nicolas et moi. Que ce soit un dimanche, un jour de fête, anniversaires, noël. Moment pure où sont mis de côté les animosités de chacun pendant un temps. Elles surgiront plus tard avec la vieillesse grandissante et les problèmes qui se détachent pas. Une Marguerite solide, obtus, dure sauf peut-être avec nous, les petits enfants. Préservé de tout pendant longtemps. Nous étions les rois du 25m2. Notre caisse de jouets sous la télévision, le cagibi, qui servait de grenier. Nous y passions du temps, regardant le passé du 57. Inscrit dans ce débarras sans fenêtre. Aucune intrusion du présent. Les jouets de notre père. C'est là que mon père a rassemblait ce qui constitue la Valise(s). La porte du cagibi donnait sur la salle à manger mansardé. Une sorte de polystyrène isolant recouvrant les pentes intérieur du toit. Des empreintes de bouchons de champagne, crémant d'Alsace des différents repas. Petit endroit où il y avait juste la place pour la famille et les amis. Lors des repas dominicale accompagé généralement de choucroute ou au minimum d'une quiche lorraine, l'appartement était remplis. Les Houyez et nous cela faisait 10 personnes. Les enfants dans le salon/entrée devant le coffre à jouet ou la télé. Les adultes se répartissaient sur la cuisine et la salle à manger. Le salon entre les deux, nous voyons avec les enfants Houyez, un défilé d'adultes rigolant, la senteur du vin blanc cuit avec quelque chose. Des fois nous venions juste mon frère et moi. Regardant à la télé, les programmes interdit par les parents. Une fois un TV film américain sur des Abeilles Tueuses. Grand souvenir. On garde cette vielle habitude de voir toujours ensemble des films d'horreur dans les moments de rassemblement familiale. On attend que tout le monde dorme pour se voir dans l'intimité fraternelle. Les sorties avec la grand-mère dans les rues de Billancourt. Nous prenions généralement la rue du Vieux Pont de Sèvre pour rejoindre la place Marcel Sembat et boulevard Jean Jaurès. Passage par la boulangerie pour notre éclair au café et plus rarement par le Prisunic, le cimetière. Très rarement à Boulogne. Même pas le souvenir du bois. Nous allions sur l'île Saint Germain sous la surveillance de la sculpture monumentale de Dubuffet mais jamais place Nationale ou proximité avec l'usine. Ne pas nous la montrer. Périmètre de protection à la misère. L'Alsace dans l'enclave du 7,rue de Vanves nettement plus confortable. La saveur du Kougelhopf à Billancourt loin des cheminées de Renault. Prendre le train à Gare de l'Est.


photographie : Nicole Wurtz

samedi 11 décembre 2010

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Premier croquis du 57 fait à partir des souvenirs de Michel Houyez. Le jardin collectif, l'arbre au centre de la cour. Le petit immeuble de deux niveaux : Au rdc, quatre pièces en guise d'appartements dont un qui était occupé par les Duquenoy et Wurtz. Entre les quatre, un escalier qui donné sur l'appartement des Houyez pour la famille très nombreuse. Puis l'immeuble standard de quatre ou cinq étages, à droite du petit donnant sur la cour et la rue de Vanves. A chaque rue son entrée et à chaque faille son jardin collectif. La cour à gauche des jardins qui avait du servir au repas de la communion d'André (voir Valise_03) ou pas. Plein d'incertitude mais la reconstruction avance. Comment était les intérieurs, les escaliers, la poussière au sol, quelles plantes et légumes trouvait-on dans le jardin, quel accès pour sortir et rentrer. Celui de la rue, du vieux pont de Sèvres pour le travail et celui de la rue de Vanves pour les jours de sorties vers le bois de Boulogne. S'écarter de la ville pour trouver du vert et revenir se mettre à l'abri sous l'arbre de la cour du 57 pour jouer aux cartes et voir les fourmis monter dans l'arbre, les enlever des cartes et voir la lumière du soir du couché derrière l'immeuble d'en face de la rue du vieux pont de Sèvres et se dire que l'hiver est encore loin car il fera froid dans les 12 m2. La terre au sol, le charbon (j'imagine) dans un coin pour le poil, les couvertures calfeutrant les fenêtres et si ça gèle demain, on ira marcher sur la Seine gelé et plus besoin d'empreinter le pont Daydé pour rejoindre les copains et aller narguer les colles blancs de Meudon. Le soleil blanc ne se cacherait plus derrière l'immeuble. On le verrait tomber sur le Val de Seine derrière toute les fumées des usines qui bordait ce fleuve et remonter la rue du vieux pont de Sèvre jusqu'au 57, passant devant l'école Thiers dormante et retrouver la cour, l'arbre dénudé et les siens.

film_02

Laissons Renault et Billancourt se reposer. Trapèze et ile recouvert de neige, les travailleurs des tours et "non tour" au repos et au chaud chez eux.
Allons du côté de Saint-Ouen, en 1968, après la grève au moment de la Reprise du travail aux usines Wonder. Grand moment du cinéma direct. Ne pas retourner dans "cette taule", tourner les pas et dire stop. Film qui donnera la vie à un autre. Celui de Hervé Le Roux : donner la parole une seconde fois à elle et aux autres. Un échos sans fin.

La Reprise du travail aux usines Wonder (1968), Jacques WILLEMONT


mercredi 24 novembre 2010

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Chercher des films amateurs sur Renault-Billancourt n'est pas aisé. Voir à travers l'oeil, le regard et le montage d'un ouvrier. Apparemment un ancien du département 55 profitant de la venue de Jean Ferrat, Isabelle Aubret, Leni Escudero, un clown... Sur la place nationale pendant mai 68. On essaye de trouver des visages connus et comme le disait Martine Sonnet : "arrêts sur chaque visage". Qui sait peut-être la famille Houyez et Duquenoy / Wurtz et d'autres passeurs du 57.

Merci à bruno18192830

mardi 23 novembre 2010

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Tricherie de ma part pour la valise_12. La carte de l'ancien m'a été confié par son fils, Michel, amis de mon père. La famille Houyez, amis et famille à la fois. Ils avaient déjà intervenu dans la valise_09. Suite et début d'une longue histoire, dite micro selon les spécialiste. Macro pour moi. Bientôt, je vais commencer les entretiens filmés avec eux. Images de paroles pour bientôt.

Cette CARTE dite d'ancien de Renault. Grande victoire pour les travailleurs de l'avoir. Atteindre la retraite. Le combat par excellence. Maîtrisé la machine, le contre maître, le chronomètre et gagner la grève. Il y a eu celle de 1936, 1952 et 1968. En 36, Elie était dans les mines du Nord. Fuite en région parisienne car F.T.P.F (Francs tireurs et partisans français), il sera caché par les camarades puis à rejoint la Régie de son nouvel habit étatique le 1er Avril 1946. En 1952, quelques mois après la naissance des jumeaux, un 22 mars, j'imagine qu'il devait retourner les pavés de la place Nationale : pour protester contre la mise en route de la décentralisation par la construction de l'usine de Flins et ce fameux 68 : dernière grève pour le voisin de la famille Duquenoy/Wurtz. Occupation et apparition des meeting déplacé sur l'île Seguin. Premier replis et retranchement à l'intérieur, sentant que la Forteresse se fragilise. Ne surtout pas ouvrir les portes aux étudiants : pas de notre monde. Trop facile d'ouvrir sur une envie. Il faut que les jeunes de la Sorbonne & cie nous montrent qui nous ne lâcheront pas, du jour au lendemain. Qu'ils ne seront pas les patrons de demain. LE syndicat en a peur. On connait la fin. Victoire dans un certain sens et défaite aussi. Amertume qui ne dura pas trop longtemps pour Elie. Après l'été, il quitte la Régie. il a enfin la carte et plus la verte pour rentrer dedans. Ce jour du 30 septembre, il a du le fêter mais aussi remonter la rue du vieux pont de Sèvres jusqu'au 57. A cette époque ci, il fait toujours beau. Peut-être qu'ils avaient dressé la table dans la cour sous le noyer devant leurs jardins. Sortir le vin et les alcools de chaque régions d'où provenaient les habitant du 57. Il y avait le Nord, l'Alsace, la Savoie et peut-être d'autres. Boire à cette victoire. Les enfants courant la cour de terre battue par leurs pieds. Elie a avoir une pensée pour son camarade André Duquenoy qui lui est parti un dimanche après-midi rejoindre les oubliés de Renault au cimetière, onze ans plutôt. J'espère qu'il faisait beau et que la dernière remonté de la rue fut joyeuse.

jeudi 4 novembre 2010

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carnet pour Maryse Hache

Toutes photographies appellent à une ouverture. Ces murs, de ce qu'il en reste, demande à être franchit. En ouvrant la Valise, je cherchais un moyen d'entrée pour Maryse Hache. Comme mon père qui a réussit un jour à faire entrer l'oncle de ma mère, fils de fermier Vendéen et amateur de mécanique, à entrer dans la Régie. Lieu qu'il a rêvé depuis qu'il bricolait des voitures. L'ami de mon père, Michel, ouvrier chez le père Louis et habitant du 57 a réussi l'infiltration de l'Oncle. Il lui a passé un bleu et la porte devant, j'imagine, la complicité d'un des gardiens. L'Oncle Gabi à découvert ce qu'il n'attendait pas : des ouvriers travaillant dans quarante centimètres de graisse dans un vacarme assourdissant qui était absent des reportages d'actualités qui ne venait sur la Place Nationale, les jours de grèves, pour prendre la température de la France.

Prenez un bleu et suivez moi à travers le carnet de André. Lui était gardien, donc pas de problème pour rentrer. Ce petit carnet qui a du être dans la poche depuis le début de son poste ou au début pour retenir ce qui devrait être des numéros de téléphone pour joindre les quatre coins du Trapèze.

Porte D avenue Zola 5128. Entrée employée généralement par les ouvriers qui venaient par le métro Ligne 09 station BILLANCOURT. L'avenue des ouvriers. Les cadres et agent de maîtrise ne s'y risqués pas. Il préférait celle de Place Nationale : chemin le plus court pour rejoindre le bâtiment X, celui des ingénieurs. L'avenue Zola chemin de tout les jours. Pris par le plus grand nombre au changement des équipes au son de la sirène. Chemin le plus direct pour atteindre le pont Daydé et l'île Seguin. A chaque changement, les gardiens devait vérifier, théoriquement, les cartes d'identité de Renault. Chaque ouvrier avait son matricule et son numéro d'atelier. Avenue entourée de bâtiments haut de vingt mètres, ses transversales pour l'accès à d'autres atelier. Les énumérés serait long. Mais il y a ces souterrains qui permette de passer de département à un autre. Sur la droite, le parc aux aciers et la rue Traversière qui vous mènent à l'atelier 62 avec la rue intérieur sous les verrières qui y donne accès. Observer, la brume bleuté, le vacarme des pillons et la chaleur. Sortir et s'échapper pour retrouver l'avenue Zola et prendre le pont Daydé pour voir la perspective de la Seine et peut-être rentrer dans l'île mais un dernier regard sur le votre gauche : le mur de l'artillerie. Seuls vestige avec le pont de la présence ancienne. Les rues et avenue du Trapèze ne corresponde plus. Garder le bleu et regarder les chefs d'ateliers volé depuis le pont sous l'impulsion des ouvriers. La seule chose qui n'a pas changé c'est la Seine. Elle restera le premier et le dernier témoin de ce siècle.

jeudi 14 octobre 2010

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A force d'énumérer le 57, rue du vieux pont de Sèvres, voici ce qu'il est devenu. Voilà à quoi ressemble la centrale téléphonique : un bloc de béton sertie d'un seul œil long et fin. Tourné vers la rue de Vanves, faisant face à l'immeuble qui accueillit Marguerite avant la démolition. Côté rue du vieux pont de sèvres, l'entrée grillagée avec son numéro discret : 57. Invisible sur celle-ci, de l'autre côté du bloc. Ce cyclope prisonnier de son île Tchernobylienne. Lieu qu'on préfère oublier, enlever ce qui paraît être malade. Sauf ceux qui se sont battus pour pouvoir reloger les habitants du 57, grâce au habitant et le Parti. Longue négociation avec la Mairie qui s'était empressé de racheter le terrain sans se préoccuper des locataires. Tellement « embêter » par la situation et par le Parti, ils iront jusqu'à chercher, Michel, amie de Jean Claude et habitant du 57 à la régie en voiture pour une proposition de logement. Ce fut long mais tout le monde récupéra un logement.. Puis des ouvriers sont venu vers 1972 ou 1973, recouvrir le 57 comme en 1986. J'imagine le regard de la Marguerite et du père depuis le cinquième étage du 7 rue de Vanve, regardant le lieu disparaître dans un nuage de poussière et voir apparaître ce bloc gris. Dans le plus grand anonymat, des hommes sont passé et repartit. Recouvrant le passé de ce lieu. Amorce de la transformation. Au même moment, la direction de Renault annonce les futurs délocalisation de Renault Billancourt, sous le terme de décentralisation : éclatement du corps. Trop peu soucieux de savoir ce qu'on va devenir.

Vouloir rentrer. M'exposer à l'élément dangereux pour les démolisseurs. Puis laisser la porte ouverte, laissant la mémoire s'étendre sur Billancourt, ville orpheline de son identité ouvrière.

A l'entrée de la plaque « 57 » il y a un gardien. Il a ordre de la laisser fermer à toutes personnes « étrangère ». André, gardien à l'usine, devait faire pareille. Poste déplacé de l'usine à la maison. Aurait-il apprécier? Je ne penses pas.

Vouloir rentrer, dans l'usine fantôme et dans le 57 : toutes les deux fermées à mes envies. Percer l'œil tel Ulysse. Faire naître la colère des puissants et voir le suintement sur les murs. L'humidité éclatera ce sarcophage laissant apparaître le vert éclatant de l'arbre de la cour du 57.


© photographies : Jérôme Wurtz

jeudi 7 octobre 2010

valise_10



Objets de mes pensées : rue du vieux pont de Sèvres depuis le 57, Le regard de mon père et les deux lignes de fuites sur l'ouest du Trapèze depuis ma bibliothèque.

lundi 4 octobre 2010

empreinte_01


Repartir du début. Métro Porte de Saint-Cloud, sortir de la bouche et tomber nez à nez sur l'église de la porte,son rond point et la gigantesque fontaine. Lui tourner le dos, prendre la passerelle passant au dessus du periph' où j'imagine voir Olivier Rolin dans sa DS. Passer la limite entre Paris et Billancourt. Moment toujours aussi étrange. Cette limite ou plus rien n'existe, ni la capital, ni la banlieue rouge. Le doute envahissant. Vais je réussir a passer la frontière pour retrouver les traces primitives du 57, rue du vieux pont de Sèvres? PARIS barré et BOULOGNE-BILLANCOURT apparaît. Merci à la DDE de signifier une frontière épaisse comme une feuille face à l'extension du no mans land. Billancourt protégé par des barres d'immeubles face à Paris en guise de muraille. Se protéger et laisser quelques ouvertures : rue Gallieni, avenue Edouard Vaillant et avenue Pierre Grenet. Avant pour en venir en famille c'était la voiture. Maintenant à pied. Passer la muraille, trouver une interstice. Celle que je connais mieux, rue Marcel Dassault. Passer sous l'immeuble là où commence la rue. Je crois voir un homme me demandant ce que je viens faire là. L'interlocuteur ne sera que la trace du coffrage en bois de béton au dessus de ma tête. Immeuble qui a du être construit bien après l'arrivée de mon père au 57. L'encerclement pour cacher la pauvreté du quartier. Cette rue toute droite menant directement au Trapèze, qui a l'époque était lié par le nom. Aujourd'hui coupé de son existence ancienne. Je tombe sur l'ancien panneau mais barré de cette ligne de scotch noir. Rappel des enveloppes pour l'enterrement de André, le beau père. Rue en deuil de la maison démoli et son axe reliant au cœur nauséabond, Renault. Légèrement cachée, Laisser là, seule trace de l'existence de cet ancien tronçon. En remontant tout au long de la rue Marcel Dassault, seule et unique plaque. Trop dur a enlever? Paresse municipale ou choix? Ou simplement le nom de Dassault dérangé par l'histoire de Billancourt. Personnage politique loin des préoccupations des habitants de la rue. Ces traces fragiles : un mur, des numéros... Les récupérer, gratter le scotch et reprendre mon chemin.

samedi 18 septembre 2010

valise_09




A la mère de Michel et Jean-Francois, habitante du 57, enterrée vendredi


Conditions particulières de l'abonné : Elie Houyez, ajusteur à la Régie, habitant du 57, rue du vieux pont de Sèvre. Arrivé à Billancourt pendant la seconde guerre. Mineur du nord, il a fuit le coron car résistant F.T.P.F (Francs tireurs et partisans français) et membre du PCF. Il se cache à Billancourt et se fait embaucher à la Régie. Il fonde une famille et s'installe au 57, peut-être le 10-12-49 comme l'indique ce contrat d'abonnement. Trois enfants : une fille et des jumeaux. La famille Houyez deviennent des proches des Duquenoy-Wurtz jusqu'à devenir une famille. André et Elie, tout les deux du Nord et des enfants qui vont devenir des amis fraternels. Mon père se souvient toujours de son arrivée au 57 et de la vision des jumeaux : Jean-François et Michel à l'étage du dessus entrain de brailler, la tête entre les barreaux de l'escalier. Le début d'une amitié qui durera. Ensemble dans les terrains vagues, à l'école Thiers, sous l'arbre au centre de la cour du 57 à jouer aux cartes sous l'ombre protectrice, au Jeunesse Communiste, au poste de police pour affichage sauvage, en manifestation où mon père avait bien meilleur coureur que lui quand les CRS chargés, en voyage en URSS et leurs mariages respectifs. Je les retrouverais chez ma grand-mère sous les toits du 7, rue de Vanves pour les repas Alsaciens du dimanche, chez eux, pour des déménagements, des anniversaires, à partager des vacances un des fils de Michel dans l'Orne lors d'un été ennuyeux qu'on a comblé par des Jeux Olympiques et la découverte du Tour de France et le décapage de volets vert pour redevenir vert. Chose qu'on a du mal à comprendre lors de l'adolescence.A aller dans les maisons secondaires, pour Michel à Noirmoutier et Jean-François dans l'Yonne. Découvrir la nourriture portugaise. Leurs vie professionnels à chacun a démarrer chez le père Louis. Jean-François, à l'entretien de la chaufferie de l'île Seguin et Michel juste à côté l'atelier 62 (forges de Renault) à la confection des moules pour les forges et la fonderie. Leurs parents je les ai très peu connu. Juste quelques photographies et surtout des souvenirs. Ce fameux père ayant quitter son Nord refusant de mettre les pieds dans une église et une mère d'acier qui avait comme surnom le Colonel. Femme qui ne se laissait pas faire qui à la veille de ses 8O ans, faisait encore de l'escalade. Malheureusement je ne pourrais parler du 57 avec eux. Leur père est mort bien avant la sortie de l'adaptation de Germinal par Claude Berri. Lors de son décès il a été incinéré et ses cendres dispersé sur un ch'terril. Seul et unique lieu pour le repos du mineur expatrié ur une des montagnes construite par l'homme. Puis il y a quelque jours en plein fête de l'Huma, j'apprends le décès de la mère. Tous les deux présent au décès d'André, mort un dimanche brutalement. Ma grand-mère montant l'escalier du 57 chez les Houyes. Premier réflexe. Cela restera. Michel m'a toujours dit qu'elle était comme sa mère, il s'en occupé autant que mon père et a pris le relais après le décès de mon père et présent avec sa femme et ses enfants à l'enterrement de Marguerite. J'aurai voulu en faire autant. Coincé au travail. J'aurais voulu faire connaître leurs souvenirs mais c'est trop tard. Il reste peu d'habitant du 57. Le temps presse, ne pas en perdre. Quand j'ai su qu'elle était malade, j'ai espéré à son rétablissement. La mort tout autour, partie intégrante de ce travail, une personne proche de ce projet m'a dit au milieu de nos correspondances : "Rude aussi les fins de vies autour de votre histoire, mais elles en font partie à leur façon..."

dimanche 4 juillet 2010

valise_08




1936 deux, 1956 trois, 1969 quatre, 1981 cinq. Les cartes postales: plein la valise. Certaine avec des mots des collègues, des petites phrases de mon père pour calmer l'inquiétude de sa mère : " Bien arrivée. La mer très bonne mais trop salé J-Claude Voici mon adresse : CAMPO SPORTIVO A.R.O.E.V.E.N. GAETA ITALIE". Voyages, sans doute, organisés par le CE de Renault. Celles qui venaient directement du village du collègue envoyé à l'adresse de famille "Mad DUQUENOY Mad Wurt n°119 Eckarstviller 67 près de Saverne". Aujourd'hui c'est "3 route Saverne 67700 ECKARTSWILLER". Les adresses approximatives mais elles arrivaient toujours. Mon père enlevé le timbre. Il faisait collection. Comme en atteste la carte de venant de Berlin en R.D.A. Ce timbre devait avoir une valeur forte. En 64, mon père avait presque quinze ans et il devait déjà être au J.C.. L'U.R.S.S. fera parti de ces voyages où ils verront, mal grès tout, un pays où ils se sentent chez eux . Mais celui qui reste le voyage principal : l'Alsace. Le moins couteux. Retrouvailles avec les cousins, les tantes, le verger, la forêt et les grosses chaleurs du mois aout. Ici en Ile de France, maison trop fine pour supporter. Mais à l'Est, de leurs mur en granit de quatre-vingt centimètres, la chaleur passe à peine. Juste la lumière incandescente. Des fois les volets se ferment. On se glisse entre le sommeil des parents, engloutis par le silence loin de la sirène de Billancourt des machines à transfert, elle aussi au repos, pour se glisser, pieds nus sur le carrelage frais pour prendre les fruits du verger dans la cuisine. Quand le bruit est de nouveau autorisé par l'adulte, on se précipite dehors pour monter dans la forêt juste derrière jusqu'aux grottes des sorcières et tirer sur la corde de la chapelle Saint Michel, juste au dessus. Bien placé pour faire de l'ombre aux païens. Puis on descend en courant entre les sapins envoyant de la poussière rose du granit, pour finir dans le verger, d'une certaine manière, leur centre du monde et les cartes arriveront et partiront régulièrement de Eckartswiller au passage du facteur. Il y en aura aussi au 57, rue du vieux pont de Sèvres, au retour annonçant la remonté de la rue vers le Trapèze pour certain et l'école Thiers pour d'autres.

lundi 28 juin 2010

valise_07



A l 'écoute du morceau de Elsass blues (1979) de Alain Bashung. J'entrevois mon père dans sa jeunesse et je l'imagine du haut de ses trois ans fuyant l'orphelinat des bonnes sœurs regardant les montagnes Alsacienne après avoir traversé la forêt. Un moment de liberté, chose importante à ses yeux et l'humanisme, loin de l'orphelinat, qui nous transmettra.

"Je suis né tout seul près de la frontière
Celle qui vous faisait si peur hier
Dans mon coin on faisait pas d'marmot
La cigogne faisait tout le boulot

C'est pas facile d'être de nulle part
D'être le bébé von dem hasard
Hey gipsy, t'as plus d'veine que moi
Le blues il sent bon dans ta voix

Elsass blues, Elsass blues
Ca m'amouse...
Va falloir que je recouse

Elsa encore un verre de sylvaner
Pour graisser l'rocking-chair de grand-mère
Mets ton papillon noir sur la tête
J'te ferai un câlin ce soir après la fête

Faut pas que j'parle aux Levy d'en face
Mémé m'a dit reste à ta place
Hey gipsy... j'aurai pas mon bac
Je f'rai jamais la carrière de Bismark

Elsass blues, Elsass blues
Ca m'amouse...
Va falloir que je recouse

Elsass blues, Elsass blues
Ca m'amouse...
Va falloir que je recouse

J'habite un blockhaus sous la mer
Elsa est aussi belle qu'hier
Son pavillon se noie dans mon blanc sec
J'ai pas trouvé l'derneir Kraftwerk

Elsass blues, Elsass blues
Ca m'amouse...
Va falloir que je recouse"

Alain Bashung Elsass Blues in Roulette Russe

lundi 14 juin 2010

valise_06


Réunification familiale le 6 février 1954. Trois sourires sur ces photos,a priori prise par un cousin d'André, l'homme du nord. Photos cachées à mon père pendant de nombreuses années. C'est dans le départ du 7, rue de Vanves, perpendiculaire au "57", que mon père vu pour la première fois ces clichés. Marguerite était une grande cachottière. Elle gardait ces deux valises dans son cagibi-grenier loin de tout. Majoritairement à propos d'André. On se demande si elle pas voulu tout effacer. Elle n'auras pas dit grand chose de tout ça. J'ai appris dernièrement qu'elle avait été résistante pendant la seconde et un souvenir de son passé raconté par elle. Marguerite avait caché des personnes poursuivies par les SS du fait de leur religion. Ca toujours été une phrase par-ci par-là et rien d'autre. Une certaine honte ou une époque fortement malheureuse? Mon interrogation est grande. A chaque fois que je parle d'elle à quelqu'un qui l'a connu, j'entends toujours des souvenirs différents. A-t-elle délibérément raconté quelque chose de différent à chaque fois? Plus je fouille, plus je découvre une personne complexe. Et je me souviendrais tout le temps du dernier moment que j'ai eu avec elle, juste tous les deux. Bien avant son retour ver l'Alsace. Je devais avoir quinze ans, un jour de semaine. Mon père me proposa de passer voir "mamie" et on se retrouverait chez elle. Je suis arrivé bien avant lui. J'ai eu le droit au goûter d'un jour d'hiver. Chocolat chaud et viennoiserie. On se disait pas grand-chose. Je dégusté ce repas et son regard accompagné d'un sourire. Elle était heureuse de voir son petit-fils se satisfaire pleinement de son bol "breton" avec son prénom. c'est ça que je garderais: ce sourire et ce regard de satisfaction. Son combat prend sens quand elle voit la tête blonde et châtain de ses petits enfants. Mon père arrivé à bon port après le 6 février 1954, l'amour qu'elle a construit avec André, ce grand-père que je commence à découvrir que maintenant. Ces jours d'hiver de 1954 et 1996. Moment prégnant et important pour Marguerite. Après 1996 et son déménagement sur le boulevard Jean Jaurès à Billancourt, on commencera à sentir la fatigue de vivre.

lundi 31 mai 2010

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Ce matin, je suis allé gare de l'Est. Regarder les trains pour Strasbourg. Je ne suis pas monter dedans. J'aurais bien voulu. J'ai fait quelques photos puis je suis rentré, amère. Bloquer ici. Sur le chemin du retour, en direction du métro La Chapelle, j'ai pensé au verger de l'arrière grand père - visible en arrière plan- que je n'ai jamais connu, à Eckartswiller( 67). Remplacé aujourd'hui par l'autoroute de l'Est. Mon père m'en beaucoup parlé. Lieu rempli de tous les fruits qu'on peut trouver en Alsace et de ses alcools de vie qui en découlé. Aujourd'hui il ne reste plus qu'un fond de mirabelle chez ma mère. Bouteille de vin blanc lavée, dénudée des attributs originaux pour ne garder qu'une minuscule étiquette blanche et de l'écriture fine de ma grand-mère. Il ne reste plus que cela et des photos.
Celle-ci est un mystère. Aucune idée de qui est l'enfant grimaçante et heureuse sous l'œil de l'arrière grand-père, dans son costume du dimanche, j'imagine. Lui entouré de son domaine. Les dimanches et vacances estivales se passaient principalement dans ce verger. Mon père retrouvait ses cousins. Aller dans la forêt juste derrière. Cela devait changer du bois de Boulogne et du parc de Saint Cloud. Pas de limite juste celle du dimanche matin : aller à l'église. Le père n'avait pas trop le choix. Il préférait aller celle de sept heure car elle était en allemande et ne durait qu'une heure. Car office normale, en Alsace c'est deux heures. Le jour de ses dix-huit ans, en novembre 1967, il avait décidé de déserter les bancs de l'église de Billancourt. Il m'avait dit que cela avait était dur de rester dans son lit alors que sa mère, de son regard et reproche matriarcale, jure en Alsacien dans son habit de messe. Il restera dans son lit ce matin-là. Belle vengeance à l'église et non à sa mère. En triant les papiers de ma grand-mère je suis tombé sur le certificat de communion de mon père où il est écrit "Jean-Claude Duquenoy". Son nom de naissance disparut et remplacer par celui du beau père. Ne pas froisser l'église de cet enfant encore considéré illégitime.
La "vengeance" de ma grand-mère se passera quinze ans plus tard. Quand nous allions avec mon frère passer un séjour à au 7, rue de Vanves (trop petit pour m'en souvenir) apparemment nous allions à l'église avec elle et notre tante. Cela a été découvert par mes parents un jour à Billancourt à un passage piéton où il y avait un bouton pour déclencher le bonhomme vert (quoi de plus amusant pour un enfant de six et trois ans). Mon frère devant ce passage a dit à mes parents "c'est par là qu'on passe quand on va à l'église". Mes parents ont toujours refusé de nous faire baptiser. Ils voulaient que ce soit un choix mais la grand-mère ne l'entendait pas comme cela. Aux dire de mes parents on a du être baptiser à l'église de Billancourt. Je n'ai jamais voulu savoir. Je laisse ce mystère pour ma grand-mère. Quand nous allions passer les vacances d'été en Alsace, sans les parents, chez la sœur de la grand-mère, nous avons du aller aussi à l'église et peut-être qu'on a été baptisé. Chose qui ne m'a pas marqué comme pour mon frère. Il ne me reste que les souvenirs de ballade dans la forêt du piémont des Vosges, les après-midi à regarder Santa Barbara avec les tantes et la grand-mère. On n'avait pas le droit de regarder les émissions pour enfants, considérer trop bêtes. Avec mon frère nous courrions dans des vergers et peu importe que ce soit celui de l'arrière grand-père, on le croyait. La prochaine fois je prendrais le train et si possible un corail.


dimanche 30 mai 2010

De la mémoire à la promenade


1992 : tout le monde avait promis que le trapèze serait un symbole important de la mémoire ouvrière. Résultat: le jour de la fermeture, on offre une affiche de l'île Seguin et un pin's aux ouvriers.
2010 : Aujourd'hui' on transforme l'île en lieu de "promenade" qui sera inauguré le 5 juin par un lâché de papillons.
Je serais là avec ma caméra pour se souvenir de cette "promenade". Venez nombreux interagir devant ma caméra pour exprimer votre point de vue depuis l'île Seguin.
Si vous voulez participer, laisser un commentaire, qu'on puisse se retrouver. Proposons autre chose. Qu'on puisse transformer cette "promenade" en une envie mémorielle.

vendredi 28 mai 2010

Atelier 62 par Robert Doisneau


Loin des valises, un autre projet. Refaire exister l'atelier 62, si cher à l'employée des écritures. Car si je me suis mis à fouiller mon passé ou plutôt celui des anciens, c'est un peu grâce à l'ouvrage Atelier 62. A quelques jours du tournage de Fermeture, j'ai découvert ce récit en flânant dans les rayons de la Librairie de Paris, place de Clichy. A peine feuilleté j'emmène ce récit chez moi. Je découvre que je ne suis pas seul à arpenter le Trapèze et l'île Seguin à la recherche de la moindre petite trace du passé ouvrier de Billancourt. Quand je suis venu poser la caméra autour de l'île pour Fermeture, un an avant la Fonderie de Vernon, un sentiment de solitude entouré du trafic routier, ferroviaire et fluviale m'enivré. Ce dernier m'était plus sympathique, car la Seine ramenait mes pensées vers la Fonderie. Elle aussi au bord du fleuve. Mais je ne pensais pas revenir à Billancourt vers la fin du montage pour préparer un documentaire sur ma famille et la Régie. Une certaine forme d'obligation agréable me poussa à vouloir induire Atelier 62. Le premier contact visuel avec les Forges de Renault ont été L'Automobile de France (1951) puis les photographies de Robert Doisneau. Photographe si familier dans la bibliothèque familiale. Surtout Les Doigts Plein d'Encres (co-écrit avec Cavanna). J'ai découvert il y a pas longtemps, que Doisneau avait été photographe pour Renault. Ce fut son premier pas dans la photographie professionnelle. Il fut remercier a cause d'une image trop sociale. Un livre existe d'où sont tiré ces photographies. Voici le premier pas pour commencer à comprendre le geste et l'espace de cet atelier. Saisissantes, surtout ce portrait.

lundi 17 mai 2010

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©archive Wurtz

Ce matin, j'ai laissé de côté le "57" pour aller faire un tour en Alsace. Revenir au commencement. Comprendre le mariage de Marguerite Wurtz et André Duquenoy.
Sur ces photographies, mon père, Jean-Claude wurtz assis par terre le regard loin de l'objectif. Entouré d'autres enfants et les bonnes sœurs ne pouvant regarder que de face. Mon père, né de père inconnu en 1949. Chose difficile pour l'époque, surtout dans une famille Alsacienne où la naissance d'un enfant, hors mariage, ne peut être légitimé. Pourquoi ma grand-mère a toujours caché le nom de "l'inconnu"? Mon père a essayé de savoir mais de son caractère d'Alsacienne têtue, elle le gardera pour elle. Les suppositions sont grandes et sans fond. Même la famille ne nous le dira jamais. Je ne partirais pas dans cet axe, respectant le choix de ma grand-mère.
A la naissance de mon père, le 28 novembre 1949, la famille Wurtz oblige Marguerite de le placer dans un orphelinat/pensionnat tenu par l'église, loin de Strasbourg. Sa sœur veut bien héberger Marguerite mais sans mon père. Elle doit travailler et trouver un mari si elle veut récupérer son fils. La moralité catholique se place là. Je comprendrais la colère de mon père envers l'église.
Ces photos témoignent d'une visite de sa mère -photos de droite, en haut au milieu, les mains posées sur les épaules de son fils-, souvent le week-end. Mon père en garda un souvenir très dure. Les seules réminiscences, raconté a mon frère et à moi sont la fugue à l'âge de trois ans dans la forêt Alsacienne et du vol à Noël de son camion rouge. Qu'il se souvienne si parfaitement de ces deux histoire me fait penser à croire qu'il n'a pas eu d'enfance.
Pendant ce temps là ma grand-mère travaille pour pouvoir le sortir de là, dans un hôpital psychiatrique, pour femme de service. Elle cherche un mari par annonce matrimoniale. Elle trouvera un veuf avec une fille à Billancourt, qu'elle rencontrera, en présence de son fils, à Noël 1953. Famille satisfaite, le mariage aura lieu à Strasbourg en février 1954, le 6. Situation similaire pour les deux futurs mariés, ils se comprendront et apprendront à s'aimer. Sur les photos de mariage, découverte cinquante ans après, mon père n'est pas là. Il a du rester dans l'appartement avec sa future demi-sœur. Le repas familial Alsacien sera servi avec soulagement par ma grand mère. Son fils a enfin un père et il va pouvoir vivre la vie d'un garçon de cinq ans et ne sera plus caché aux regards de la société.
Ils prendront le train et arriveront à gare de l'Est dans l'hiver parisien et prendront le métro jusqu'à Billancourt, en famille et rejoindront un modeste logis du 183, rue d'Aguesseau. Loin de Strasbourg, la vie pour les Alsaciens commence.

lundi 10 mai 2010

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© archive Wurtz

Le "57". Situé proche de la porte de Saint-Cloud, à l'angle de la rue du vieux pont de Sèvres (maintenant rue Dassault) et de la rue du Vanve. Aujourd'hui à cet angle, une centrale téléphonique. Gros bloc grisâtre. Vendus et détruit vers 1972, par la mairie de Boulogne-Billancourt. La Mairie ne demanda pas l'avis au locataires du 57. Cela est devenu, pour les anciens, un combat de se faire re-loger sans y perdre. Un ancien m'a dit " la mairie est venu à la Régie me chercher avec la voiture du maire pour voir un appartement. J'ai dit "si vous payez les heures!!!"La mairie a été obligé d'accepter. Ouvrier fier de son combat avec le Parti.
Sur la photographie, on peut voir la cour utilisé pour les besoin d'un rassemblement familiale. Lieu plus grand que les logements. Mon père (sur son vélo à gauche), sa mère à sa droite (appuyé sur les volets, le regard tourné à droite), la demi sœur de mon père dans sa robe blanche de communion et son beau-père, homme grisonnant, les mains dans les poches et toute la famille de Calais, côté du beau-père, descendu pour l'événement.
Faire une photographie de famille dans le 57, c'était dure de la faire dans l'appartement. 12 M2 seulement pour quatre au r.d.c. Lieu très humide, w.c. dans la cour... Donc heureusement qu'il y avait cette cour faite de jardin(s) collectif(s) et d'un arbre, lieu de tous les phantasmes des enfants de l'immeuble, s'évadant après dans les terrains vagues avoisinant pour se transformer en far-west. Mon père me racontait son arrivée dans cet immeuble, découvrant deux jeunes jumeaux braillard de trois ans aux étages supérieurs. Cinquante ans plus tard, ils sont toujours amis et sont devenu des visages de la famille qu'on ose se créer en dehors de celle qu'on nous impose, comme dans les films de J.F.Stevenin. Si on se contentait de sa famille pour remonter le souvenir prolétarrien précaire, je n'irais pas loin. Grâce à cette famille sauvage, le chemin de la rue Dassault, redevient rue du vieux pont de Sèvres, accès direct au Trapèze et toutes nouvelles construction recouvrant ces lieux, disparaissent.

lundi 3 mai 2010

dimanche 2 mai 2010

Promenade non urbaine



Après être revenu de mon séjour dans la maison des valises, je découvre sur le blog de l'employée des écritures, trois articles sur un voyage écrit dans ma région, l'Alsace, que j'ai fuis. Retour nécessaire pour faire avancer mes déplacés Alsaciens à Billancourt. Ce n'est pas pour maintenant...
J'ai préféré retourner près des valises. Je me suis enterré dans l'Orne, région de l'employée, pour écrire sur ces Alsaciens et marcher dans le bocage Normand.
Lors de ces promenades, qui n'étaient plus urbaines, j'ai laissé le monde industriel Trapéziste pour la forêt d'Ecouves et ses alentours. Abandonner des traces, vouloir en trouver des neuves, laisser parler Le journal d'un manœuvre de Thierry Metz de ces jours de repos :

"Samedi.
J'ai fait quelques pas autour de la maison. Je n'avais pas besoin d'aller loin pour me perdre. Inutile. Comment s'éloigner dans un univers où l'être ne meurt pas?
Je voulais marcher, c'est tout. Sortir un instant de ces besognes qui n'écoutent pas ce que nous sommes.
Marcher, dériver...
Lentement j'ai suivi le soleil...
Lentement...
Qu'importe ce que j'ai trouvé. Du vent et des ombres. Je passais."














lundi 5 avril 2010

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Combattre l'humidité est une chose complexe. Valises sous un escalier dans l'humidité normande. Scanner au plus vite, aller plus vite que la moisissure. Les seuls exemplaire des lettres d'embauches de André Duquenoy, mon grand père par alliance, ont souffert. J'ai essayé de contacter Renault pour consulter le dossier de mes grand parents mais cela demeure très difficile et bureaucratique. Étonnant de leurs parts. Je vais encore essayer, après j'abandonne.
Croire que le combat se limite à essayer de sauver le peu qu'il reste de Renault-Billancourt, en s'obstinant avec ma caméra, d'aller régulièrement filmer la lente construction d'immeubles, sur le trapèze ne peut être qu'une partie. Déchiffrer ce qui disparaît. Combat des plus ordinaire mais complexe. Comment nettoyer ces feuillets fins et devenus fragile. Prendre un pinceau et essayer d'enlever toutes les couches de salpêtres? Et pouvoir tout déchiffrer et dessiner un parcours dans l'usine. A priori, André aurait commencé comme tout ouvrier de chez Renault, O. S. le 24 janvier 1934 puis aurait quitté l'usine en septembre 1939 pour une guerre. Laissant derrière lui sa femme. Fit prisonnier, il ne rentrera à Billancourt qu'après être passé par un camp de prisonnier de guerre en Allemagne. Il rentre et trouve une femme, face la dureté de la vie ouvrière, devenue alcoolique. Ré-employé le 20 juillet 1945 par Renault, tout fraichement nationalisée : "Pour la société Anonyme des Usines Renault, pour la Régie Nationale des Usines Renault".
Étrange titre. On sent une hésitation entre public et privé. Cela restera, car aucun ouvriers ou employés de chez Renault n'aura le titre de fonctionnaire d'Etat. Juste le prestige d'être "un renault". Rien que ça et le regard tourné ver le vide du trapèze.
André sera employé "comme gardien pour un poste doux" pour l'effort de guerre. Reprendre son travail sur les traces encore fraiche des bombardements. Quelques années plus tard, sa femme décédera. Il se retrouve seul avec sa fille Andrée. Au vues des heures incompatibles de travail : soit 6h - 14h ou 14h - 22h, il ne peut s'occuper de sa fille. Il doit trouver une femme, pour se re-marier. Son regard va se tourner vers l'Alsace où une certaine Marguerite Wurtz a fait naître un enfant, Jean Claude, le 28 novembre 1949, déclaré "né de père inconnu". Tout cela se passera de romantisme : Par agence patrimoniale qui devait bien fonctionner après la guerre. Je me demande si l'Etat n'avait pas créer une Agence. Cela est possible. Mes recherches me le diront. J'ai retrouvé quelques trace de cette correspondance. Elle prendra vie plus tard. Peut-être dans le film. On verra ou elle voudront aller.

lundi 29 mars 2010

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Valises ouvertes. Commence à trier les papiers, par lieux, régions (Nord, Alsace et Banlieue Parisienne), photos... Revenons au sens premier du mot valise : " y mettre ce que l'on emporte en voyage ; se préparer à partir, à quitter un lieu". Cet objet est avant tout lié au voyages et vacances. Marguerite Duquenoy, après de longues années chez Renault, profite enfin de la retraite que lui propose le C.E. Naturellement, la destination de l'U.R.S.S. est proposée. Enfin pourvoir quitter Billancourt et les habituels départ en vacances vers sa région (pour elle, ça était l'Alsace, à Eckartswiller (67)). Le pays de soviets. Fantasmes des prolétarriens. Nous, enfants et petit enfants des prolétarriens, lieu de la bibliothèque avec les livres sur la révolution de 1917, l'ouvrage de Cartier-Bresson, les éditions sociales pour l'adolescence et les première années universitaires. Des voyages en diapositives à la bibliothèque, il reste ces quelques images jaunies et panoramique de ce pays qui aurait pu être grand. Il reste l'idée loin de ces bâtiments qui demeurent vide.