lundi 31 mai 2010

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Ce matin, je suis allé gare de l'Est. Regarder les trains pour Strasbourg. Je ne suis pas monter dedans. J'aurais bien voulu. J'ai fait quelques photos puis je suis rentré, amère. Bloquer ici. Sur le chemin du retour, en direction du métro La Chapelle, j'ai pensé au verger de l'arrière grand père - visible en arrière plan- que je n'ai jamais connu, à Eckartswiller( 67). Remplacé aujourd'hui par l'autoroute de l'Est. Mon père m'en beaucoup parlé. Lieu rempli de tous les fruits qu'on peut trouver en Alsace et de ses alcools de vie qui en découlé. Aujourd'hui il ne reste plus qu'un fond de mirabelle chez ma mère. Bouteille de vin blanc lavée, dénudée des attributs originaux pour ne garder qu'une minuscule étiquette blanche et de l'écriture fine de ma grand-mère. Il ne reste plus que cela et des photos.
Celle-ci est un mystère. Aucune idée de qui est l'enfant grimaçante et heureuse sous l'œil de l'arrière grand-père, dans son costume du dimanche, j'imagine. Lui entouré de son domaine. Les dimanches et vacances estivales se passaient principalement dans ce verger. Mon père retrouvait ses cousins. Aller dans la forêt juste derrière. Cela devait changer du bois de Boulogne et du parc de Saint Cloud. Pas de limite juste celle du dimanche matin : aller à l'église. Le père n'avait pas trop le choix. Il préférait aller celle de sept heure car elle était en allemande et ne durait qu'une heure. Car office normale, en Alsace c'est deux heures. Le jour de ses dix-huit ans, en novembre 1967, il avait décidé de déserter les bancs de l'église de Billancourt. Il m'avait dit que cela avait était dur de rester dans son lit alors que sa mère, de son regard et reproche matriarcale, jure en Alsacien dans son habit de messe. Il restera dans son lit ce matin-là. Belle vengeance à l'église et non à sa mère. En triant les papiers de ma grand-mère je suis tombé sur le certificat de communion de mon père où il est écrit "Jean-Claude Duquenoy". Son nom de naissance disparut et remplacer par celui du beau père. Ne pas froisser l'église de cet enfant encore considéré illégitime.
La "vengeance" de ma grand-mère se passera quinze ans plus tard. Quand nous allions avec mon frère passer un séjour à au 7, rue de Vanves (trop petit pour m'en souvenir) apparemment nous allions à l'église avec elle et notre tante. Cela a été découvert par mes parents un jour à Billancourt à un passage piéton où il y avait un bouton pour déclencher le bonhomme vert (quoi de plus amusant pour un enfant de six et trois ans). Mon frère devant ce passage a dit à mes parents "c'est par là qu'on passe quand on va à l'église". Mes parents ont toujours refusé de nous faire baptiser. Ils voulaient que ce soit un choix mais la grand-mère ne l'entendait pas comme cela. Aux dire de mes parents on a du être baptiser à l'église de Billancourt. Je n'ai jamais voulu savoir. Je laisse ce mystère pour ma grand-mère. Quand nous allions passer les vacances d'été en Alsace, sans les parents, chez la sœur de la grand-mère, nous avons du aller aussi à l'église et peut-être qu'on a été baptisé. Chose qui ne m'a pas marqué comme pour mon frère. Il ne me reste que les souvenirs de ballade dans la forêt du piémont des Vosges, les après-midi à regarder Santa Barbara avec les tantes et la grand-mère. On n'avait pas le droit de regarder les émissions pour enfants, considérer trop bêtes. Avec mon frère nous courrions dans des vergers et peu importe que ce soit celui de l'arrière grand-père, on le croyait. La prochaine fois je prendrais le train et si possible un corail.


dimanche 30 mai 2010

De la mémoire à la promenade


1992 : tout le monde avait promis que le trapèze serait un symbole important de la mémoire ouvrière. Résultat: le jour de la fermeture, on offre une affiche de l'île Seguin et un pin's aux ouvriers.
2010 : Aujourd'hui' on transforme l'île en lieu de "promenade" qui sera inauguré le 5 juin par un lâché de papillons.
Je serais là avec ma caméra pour se souvenir de cette "promenade". Venez nombreux interagir devant ma caméra pour exprimer votre point de vue depuis l'île Seguin.
Si vous voulez participer, laisser un commentaire, qu'on puisse se retrouver. Proposons autre chose. Qu'on puisse transformer cette "promenade" en une envie mémorielle.

vendredi 28 mai 2010

Atelier 62 par Robert Doisneau


Loin des valises, un autre projet. Refaire exister l'atelier 62, si cher à l'employée des écritures. Car si je me suis mis à fouiller mon passé ou plutôt celui des anciens, c'est un peu grâce à l'ouvrage Atelier 62. A quelques jours du tournage de Fermeture, j'ai découvert ce récit en flânant dans les rayons de la Librairie de Paris, place de Clichy. A peine feuilleté j'emmène ce récit chez moi. Je découvre que je ne suis pas seul à arpenter le Trapèze et l'île Seguin à la recherche de la moindre petite trace du passé ouvrier de Billancourt. Quand je suis venu poser la caméra autour de l'île pour Fermeture, un an avant la Fonderie de Vernon, un sentiment de solitude entouré du trafic routier, ferroviaire et fluviale m'enivré. Ce dernier m'était plus sympathique, car la Seine ramenait mes pensées vers la Fonderie. Elle aussi au bord du fleuve. Mais je ne pensais pas revenir à Billancourt vers la fin du montage pour préparer un documentaire sur ma famille et la Régie. Une certaine forme d'obligation agréable me poussa à vouloir induire Atelier 62. Le premier contact visuel avec les Forges de Renault ont été L'Automobile de France (1951) puis les photographies de Robert Doisneau. Photographe si familier dans la bibliothèque familiale. Surtout Les Doigts Plein d'Encres (co-écrit avec Cavanna). J'ai découvert il y a pas longtemps, que Doisneau avait été photographe pour Renault. Ce fut son premier pas dans la photographie professionnelle. Il fut remercier a cause d'une image trop sociale. Un livre existe d'où sont tiré ces photographies. Voici le premier pas pour commencer à comprendre le geste et l'espace de cet atelier. Saisissantes, surtout ce portrait.

lundi 17 mai 2010

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©archive Wurtz

Ce matin, j'ai laissé de côté le "57" pour aller faire un tour en Alsace. Revenir au commencement. Comprendre le mariage de Marguerite Wurtz et André Duquenoy.
Sur ces photographies, mon père, Jean-Claude wurtz assis par terre le regard loin de l'objectif. Entouré d'autres enfants et les bonnes sœurs ne pouvant regarder que de face. Mon père, né de père inconnu en 1949. Chose difficile pour l'époque, surtout dans une famille Alsacienne où la naissance d'un enfant, hors mariage, ne peut être légitimé. Pourquoi ma grand-mère a toujours caché le nom de "l'inconnu"? Mon père a essayé de savoir mais de son caractère d'Alsacienne têtue, elle le gardera pour elle. Les suppositions sont grandes et sans fond. Même la famille ne nous le dira jamais. Je ne partirais pas dans cet axe, respectant le choix de ma grand-mère.
A la naissance de mon père, le 28 novembre 1949, la famille Wurtz oblige Marguerite de le placer dans un orphelinat/pensionnat tenu par l'église, loin de Strasbourg. Sa sœur veut bien héberger Marguerite mais sans mon père. Elle doit travailler et trouver un mari si elle veut récupérer son fils. La moralité catholique se place là. Je comprendrais la colère de mon père envers l'église.
Ces photos témoignent d'une visite de sa mère -photos de droite, en haut au milieu, les mains posées sur les épaules de son fils-, souvent le week-end. Mon père en garda un souvenir très dure. Les seules réminiscences, raconté a mon frère et à moi sont la fugue à l'âge de trois ans dans la forêt Alsacienne et du vol à Noël de son camion rouge. Qu'il se souvienne si parfaitement de ces deux histoire me fait penser à croire qu'il n'a pas eu d'enfance.
Pendant ce temps là ma grand-mère travaille pour pouvoir le sortir de là, dans un hôpital psychiatrique, pour femme de service. Elle cherche un mari par annonce matrimoniale. Elle trouvera un veuf avec une fille à Billancourt, qu'elle rencontrera, en présence de son fils, à Noël 1953. Famille satisfaite, le mariage aura lieu à Strasbourg en février 1954, le 6. Situation similaire pour les deux futurs mariés, ils se comprendront et apprendront à s'aimer. Sur les photos de mariage, découverte cinquante ans après, mon père n'est pas là. Il a du rester dans l'appartement avec sa future demi-sœur. Le repas familial Alsacien sera servi avec soulagement par ma grand mère. Son fils a enfin un père et il va pouvoir vivre la vie d'un garçon de cinq ans et ne sera plus caché aux regards de la société.
Ils prendront le train et arriveront à gare de l'Est dans l'hiver parisien et prendront le métro jusqu'à Billancourt, en famille et rejoindront un modeste logis du 183, rue d'Aguesseau. Loin de Strasbourg, la vie pour les Alsaciens commence.

lundi 10 mai 2010

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© archive Wurtz

Le "57". Situé proche de la porte de Saint-Cloud, à l'angle de la rue du vieux pont de Sèvres (maintenant rue Dassault) et de la rue du Vanve. Aujourd'hui à cet angle, une centrale téléphonique. Gros bloc grisâtre. Vendus et détruit vers 1972, par la mairie de Boulogne-Billancourt. La Mairie ne demanda pas l'avis au locataires du 57. Cela est devenu, pour les anciens, un combat de se faire re-loger sans y perdre. Un ancien m'a dit " la mairie est venu à la Régie me chercher avec la voiture du maire pour voir un appartement. J'ai dit "si vous payez les heures!!!"La mairie a été obligé d'accepter. Ouvrier fier de son combat avec le Parti.
Sur la photographie, on peut voir la cour utilisé pour les besoin d'un rassemblement familiale. Lieu plus grand que les logements. Mon père (sur son vélo à gauche), sa mère à sa droite (appuyé sur les volets, le regard tourné à droite), la demi sœur de mon père dans sa robe blanche de communion et son beau-père, homme grisonnant, les mains dans les poches et toute la famille de Calais, côté du beau-père, descendu pour l'événement.
Faire une photographie de famille dans le 57, c'était dure de la faire dans l'appartement. 12 M2 seulement pour quatre au r.d.c. Lieu très humide, w.c. dans la cour... Donc heureusement qu'il y avait cette cour faite de jardin(s) collectif(s) et d'un arbre, lieu de tous les phantasmes des enfants de l'immeuble, s'évadant après dans les terrains vagues avoisinant pour se transformer en far-west. Mon père me racontait son arrivée dans cet immeuble, découvrant deux jeunes jumeaux braillard de trois ans aux étages supérieurs. Cinquante ans plus tard, ils sont toujours amis et sont devenu des visages de la famille qu'on ose se créer en dehors de celle qu'on nous impose, comme dans les films de J.F.Stevenin. Si on se contentait de sa famille pour remonter le souvenir prolétarrien précaire, je n'irais pas loin. Grâce à cette famille sauvage, le chemin de la rue Dassault, redevient rue du vieux pont de Sèvres, accès direct au Trapèze et toutes nouvelles construction recouvrant ces lieux, disparaissent.

lundi 3 mai 2010

dimanche 2 mai 2010

Promenade non urbaine



Après être revenu de mon séjour dans la maison des valises, je découvre sur le blog de l'employée des écritures, trois articles sur un voyage écrit dans ma région, l'Alsace, que j'ai fuis. Retour nécessaire pour faire avancer mes déplacés Alsaciens à Billancourt. Ce n'est pas pour maintenant...
J'ai préféré retourner près des valises. Je me suis enterré dans l'Orne, région de l'employée, pour écrire sur ces Alsaciens et marcher dans le bocage Normand.
Lors de ces promenades, qui n'étaient plus urbaines, j'ai laissé le monde industriel Trapéziste pour la forêt d'Ecouves et ses alentours. Abandonner des traces, vouloir en trouver des neuves, laisser parler Le journal d'un manœuvre de Thierry Metz de ces jours de repos :

"Samedi.
J'ai fait quelques pas autour de la maison. Je n'avais pas besoin d'aller loin pour me perdre. Inutile. Comment s'éloigner dans un univers où l'être ne meurt pas?
Je voulais marcher, c'est tout. Sortir un instant de ces besognes qui n'écoutent pas ce que nous sommes.
Marcher, dériver...
Lentement j'ai suivi le soleil...
Lentement...
Qu'importe ce que j'ai trouvé. Du vent et des ombres. Je passais."