samedi 18 septembre 2010

valise_09




A la mère de Michel et Jean-Francois, habitante du 57, enterrée vendredi


Conditions particulières de l'abonné : Elie Houyez, ajusteur à la Régie, habitant du 57, rue du vieux pont de Sèvre. Arrivé à Billancourt pendant la seconde guerre. Mineur du nord, il a fuit le coron car résistant F.T.P.F (Francs tireurs et partisans français) et membre du PCF. Il se cache à Billancourt et se fait embaucher à la Régie. Il fonde une famille et s'installe au 57, peut-être le 10-12-49 comme l'indique ce contrat d'abonnement. Trois enfants : une fille et des jumeaux. La famille Houyez deviennent des proches des Duquenoy-Wurtz jusqu'à devenir une famille. André et Elie, tout les deux du Nord et des enfants qui vont devenir des amis fraternels. Mon père se souvient toujours de son arrivée au 57 et de la vision des jumeaux : Jean-François et Michel à l'étage du dessus entrain de brailler, la tête entre les barreaux de l'escalier. Le début d'une amitié qui durera. Ensemble dans les terrains vagues, à l'école Thiers, sous l'arbre au centre de la cour du 57 à jouer aux cartes sous l'ombre protectrice, au Jeunesse Communiste, au poste de police pour affichage sauvage, en manifestation où mon père avait bien meilleur coureur que lui quand les CRS chargés, en voyage en URSS et leurs mariages respectifs. Je les retrouverais chez ma grand-mère sous les toits du 7, rue de Vanves pour les repas Alsaciens du dimanche, chez eux, pour des déménagements, des anniversaires, à partager des vacances un des fils de Michel dans l'Orne lors d'un été ennuyeux qu'on a comblé par des Jeux Olympiques et la découverte du Tour de France et le décapage de volets vert pour redevenir vert. Chose qu'on a du mal à comprendre lors de l'adolescence.A aller dans les maisons secondaires, pour Michel à Noirmoutier et Jean-François dans l'Yonne. Découvrir la nourriture portugaise. Leurs vie professionnels à chacun a démarrer chez le père Louis. Jean-François, à l'entretien de la chaufferie de l'île Seguin et Michel juste à côté l'atelier 62 (forges de Renault) à la confection des moules pour les forges et la fonderie. Leurs parents je les ai très peu connu. Juste quelques photographies et surtout des souvenirs. Ce fameux père ayant quitter son Nord refusant de mettre les pieds dans une église et une mère d'acier qui avait comme surnom le Colonel. Femme qui ne se laissait pas faire qui à la veille de ses 8O ans, faisait encore de l'escalade. Malheureusement je ne pourrais parler du 57 avec eux. Leur père est mort bien avant la sortie de l'adaptation de Germinal par Claude Berri. Lors de son décès il a été incinéré et ses cendres dispersé sur un ch'terril. Seul et unique lieu pour le repos du mineur expatrié ur une des montagnes construite par l'homme. Puis il y a quelque jours en plein fête de l'Huma, j'apprends le décès de la mère. Tous les deux présent au décès d'André, mort un dimanche brutalement. Ma grand-mère montant l'escalier du 57 chez les Houyes. Premier réflexe. Cela restera. Michel m'a toujours dit qu'elle était comme sa mère, il s'en occupé autant que mon père et a pris le relais après le décès de mon père et présent avec sa femme et ses enfants à l'enterrement de Marguerite. J'aurai voulu en faire autant. Coincé au travail. J'aurais voulu faire connaître leurs souvenirs mais c'est trop tard. Il reste peu d'habitant du 57. Le temps presse, ne pas en perdre. Quand j'ai su qu'elle était malade, j'ai espéré à son rétablissement. La mort tout autour, partie intégrante de ce travail, une personne proche de ce projet m'a dit au milieu de nos correspondances : "Rude aussi les fins de vies autour de votre histoire, mais elles en font partie à leur façon..."