jeudi 14 octobre 2010

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A force d'énumérer le 57, rue du vieux pont de Sèvres, voici ce qu'il est devenu. Voilà à quoi ressemble la centrale téléphonique : un bloc de béton sertie d'un seul œil long et fin. Tourné vers la rue de Vanves, faisant face à l'immeuble qui accueillit Marguerite avant la démolition. Côté rue du vieux pont de sèvres, l'entrée grillagée avec son numéro discret : 57. Invisible sur celle-ci, de l'autre côté du bloc. Ce cyclope prisonnier de son île Tchernobylienne. Lieu qu'on préfère oublier, enlever ce qui paraît être malade. Sauf ceux qui se sont battus pour pouvoir reloger les habitants du 57, grâce au habitant et le Parti. Longue négociation avec la Mairie qui s'était empressé de racheter le terrain sans se préoccuper des locataires. Tellement « embêter » par la situation et par le Parti, ils iront jusqu'à chercher, Michel, amie de Jean Claude et habitant du 57 à la régie en voiture pour une proposition de logement. Ce fut long mais tout le monde récupéra un logement.. Puis des ouvriers sont venu vers 1972 ou 1973, recouvrir le 57 comme en 1986. J'imagine le regard de la Marguerite et du père depuis le cinquième étage du 7 rue de Vanve, regardant le lieu disparaître dans un nuage de poussière et voir apparaître ce bloc gris. Dans le plus grand anonymat, des hommes sont passé et repartit. Recouvrant le passé de ce lieu. Amorce de la transformation. Au même moment, la direction de Renault annonce les futurs délocalisation de Renault Billancourt, sous le terme de décentralisation : éclatement du corps. Trop peu soucieux de savoir ce qu'on va devenir.

Vouloir rentrer. M'exposer à l'élément dangereux pour les démolisseurs. Puis laisser la porte ouverte, laissant la mémoire s'étendre sur Billancourt, ville orpheline de son identité ouvrière.

A l'entrée de la plaque « 57 » il y a un gardien. Il a ordre de la laisser fermer à toutes personnes « étrangère ». André, gardien à l'usine, devait faire pareille. Poste déplacé de l'usine à la maison. Aurait-il apprécier? Je ne penses pas.

Vouloir rentrer, dans l'usine fantôme et dans le 57 : toutes les deux fermées à mes envies. Percer l'œil tel Ulysse. Faire naître la colère des puissants et voir le suintement sur les murs. L'humidité éclatera ce sarcophage laissant apparaître le vert éclatant de l'arbre de la cour du 57.


© photographies : Jérôme Wurtz

jeudi 7 octobre 2010

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Objets de mes pensées : rue du vieux pont de Sèvres depuis le 57, Le regard de mon père et les deux lignes de fuites sur l'ouest du Trapèze depuis ma bibliothèque.

lundi 4 octobre 2010

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Repartir du début. Métro Porte de Saint-Cloud, sortir de la bouche et tomber nez à nez sur l'église de la porte,son rond point et la gigantesque fontaine. Lui tourner le dos, prendre la passerelle passant au dessus du periph' où j'imagine voir Olivier Rolin dans sa DS. Passer la limite entre Paris et Billancourt. Moment toujours aussi étrange. Cette limite ou plus rien n'existe, ni la capital, ni la banlieue rouge. Le doute envahissant. Vais je réussir a passer la frontière pour retrouver les traces primitives du 57, rue du vieux pont de Sèvres? PARIS barré et BOULOGNE-BILLANCOURT apparaît. Merci à la DDE de signifier une frontière épaisse comme une feuille face à l'extension du no mans land. Billancourt protégé par des barres d'immeubles face à Paris en guise de muraille. Se protéger et laisser quelques ouvertures : rue Gallieni, avenue Edouard Vaillant et avenue Pierre Grenet. Avant pour en venir en famille c'était la voiture. Maintenant à pied. Passer la muraille, trouver une interstice. Celle que je connais mieux, rue Marcel Dassault. Passer sous l'immeuble là où commence la rue. Je crois voir un homme me demandant ce que je viens faire là. L'interlocuteur ne sera que la trace du coffrage en bois de béton au dessus de ma tête. Immeuble qui a du être construit bien après l'arrivée de mon père au 57. L'encerclement pour cacher la pauvreté du quartier. Cette rue toute droite menant directement au Trapèze, qui a l'époque était lié par le nom. Aujourd'hui coupé de son existence ancienne. Je tombe sur l'ancien panneau mais barré de cette ligne de scotch noir. Rappel des enveloppes pour l'enterrement de André, le beau père. Rue en deuil de la maison démoli et son axe reliant au cœur nauséabond, Renault. Légèrement cachée, Laisser là, seule trace de l'existence de cet ancien tronçon. En remontant tout au long de la rue Marcel Dassault, seule et unique plaque. Trop dur a enlever? Paresse municipale ou choix? Ou simplement le nom de Dassault dérangé par l'histoire de Billancourt. Personnage politique loin des préoccupations des habitants de la rue. Ces traces fragiles : un mur, des numéros... Les récupérer, gratter le scotch et reprendre mon chemin.