mardi 25 janvier 2011

valise_13


Monsieur le Maire,

J'ai l'honneur de solliciter de votre bienveillance l'intervention du service municipale d'hygiène

De retour de Strasbourg après le mariage, André promet une vie digne. Promesse de l'institution républicaine et religieuse aux Alsaciens tout fraichement arrivés. Après la descente du train à gare de l'Est, le métro pour la première fois. Changement à Strasbourg Saint-Denis par les escaliers pentus et se retrouver sur le quai, l'esprit fatigué et excité du voyage de nuit jusqu'à la Porte de Saint-Cloud. Peut-être ont-ils pris le bus pour une traversée matinale de ma capitale. Pas évident de faire ce trajet : trop de changement et probable retour à l'usine. Avaient-ils droits à quelque jours de congé pour le mariage. Déjà pris pour l'évènement qui avait déplacé toute une partie de la famille Duquenoy venu du Nord. Retour express, installer la nouvelle famille et descendre la rue du Vieux Pont de Sèvre direction la porte Emile Zola, rappelant à quelle fiction ils appartenaient.
Arrivée dans "l'appartement" de 12 m2 pour quatre. Un peu d'espace à l'extérieur qui fera le bonheur des jeunes. Jusqu'à côté du 12 un escalier donnant sur un seul appartement au-dessus d'eux : celui des Houyez. Premier souvenir de Jean-Claude : deux jumeaux braillard en haut de l'escalier. Premier contact. Retour dans l'unique pièce à même le sol. Grande humidité. Voilà le premier combat, trouver un appartement.
Lettre écrite auprès du Maire pour avoir un logement correct. Elle n'a pas été écrites par André ou Marguerite. Un modèle pour les demandes expliquant la situation :

Ce logement situé au rez-de-chaussée, comprend 1 seule pièce de 12 m2 environ, construite sur terre plein et d'une grande humidité, laquelle provoque le mauvais état de santé de mes enfants et particulièrement celle de mon fils; des mauvaises odeurs provenant de la fosse d'aisance et du WC commun situés près de la dite pièce; de l'incommodité présentée par le manque d'emplacement pour l'installation des lits, de l'appareil de chauffage et des meubles strictement nécessaires à notre ménage.

Il n'est plus question d'appartement mais de pièce, de santé et d'un avenir pour une famille. Vie dure. Moi je n'ai jamais connu ou vu les conditions de cette pièce et surtout loin l'idée d'en prendre des photographies. Loin de nous les portables avec fonction photos. Juste écrire la situation, faire appel à un proche, un gars du syndicat de l'usine ou payer quelqu'un pour réussir à faire comprendre par cette lettre à trous. Montrer à la Mairie qu'il existe des habitations de ce genre dans sa ville. Pas à Boulogne mais à Billancourt. Dans le ruisseau, là où ils étaient, les ouvriers et ceux de Boulogne au bord. Réunir deux villes pour en faire une seule. Unité dans la forme mais aucunement dans le paysage. Billancourt entendant la sirène. Coupé par l'avenue Leclerc et Edouard Vaillant par le passage du tramway. Confondus.

Se faire entendre coute que coute. Sans savoir combien de temps cela prendra. Peut-être une vie mais se faire entendre depuis le ruisseau.

Avec mes remerciements anticipés, je vous pris d'agréer, Monsieur le Maire mes très respectueuses salutations.

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