lundi 28 février 2011

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Les enfants du paradis

D'errance en errance, je me perd. Trouve moins en moins d'intérêt à venir à Billancourt. Il ne reste plus qu'une sensation de malaise dans cette ville qui ne ressemble plus à grand chose. Les repères disparaissent. Obligé de remonter/descendre la rue du vieux pont de Sèvre. Ressentir ce trajet dans les pas. Peut-être qu'un matin tôt, au levé du soleil, je remonterai cette rue inscrite quelque part. A moitié dans les plans, entièrement Dans les pas. Le bloc noir aspire ce qu'il reste et m'oblige à m'abriter dans le 7, rue de Vanve. La porte s'ouvre sur le passage d'une habitante du troisième. Elle m'apprend que l'appartement de la grand-mère est occupé par un couple de jeune. J'aurais aimer le savoir libre. Le louer pour une journée ou plus. Le voir vide sans l'empreinte de nouveau locataire. Retrouver intact la vision enfantine. M'affaler dans la pièce qui servait de salon et d'entrée. La plus lumineuse. Imaginer le canapé, la caisse en carton et revêtement synthétique orange où était rassemblé les jouets. Les plantes près de la fenêtre. Aller dans la cuisine et revoir ce qui se passait par la fenêtre proche de l'évier où la grand-mère faisait sa toilette. Le petit cabiner où était l'armoire à pharmacie en plastique. Sur les portes de l'armoire j'espère retrouvé les mots croisées des plus grand groupe de rock, pop des années 60-70 : Pink Floyd, The Beatles, Deep Purple, Led Zeppelin... Imaginé et fait par mon père lors d'un dimanche pluvieux. Retour dans la cuisine pour ouvrir les placard et trouver notre collection de verre à moutarde. Je me souviens d'un seul : Darth Vador entouré de soldats de l'empire galactique. Retraverser le salon/entrée pour la salle à manger. Plafond en biseau. Le toit de l'immeuble est là accompagné par une petite fenêtre et le polystyrène fin comme isolant qui a laissé l'empreinte de nombreux bouchons de crémant d'Alsace, ramené ou commandé auprès du viticulteur de la famille. Passé la main et sentir sous la nouvelle couche de peinture blanche pour éclaircir. Au fond deux portes. Celle de droite la minuscule et sombre chambre et à gauche le cagibi où fut entassé tout le passé. C'était un rituel lors de nos repas dominicaux : ouvrir la porte, allumer la seule ampoule et fouiller dans la pièce sans fenêtre. On devait avoir des messages d'alerte de la grand-mère, de ne pas faire trop de bazars. A travers, on entendait le rire du monde adulte. Refermer cette porte, mettre un loquet à l'intérieur, le fermer derrière soi, entendre les sonorités hors du champ visuel jusqu'à l'ampoule casse et m'oblige à me souvenir, me souvenir, ne rien oublier avant de sortir pour une bonne fois et revoir le père, le jour du déménagement, remplir les valises loin du regard de la grand-mère. Il devait savoir qu'il n'arriverais pas à finir le livre et qu'il était essentiel de donner des pistes pour le poursuivre. Faire prendre du sens à la montée dominicale du 7, rue de Vanves et tout ce qu'elle induit.

dimanche 13 février 2011

Non à la démolition du dernier bâtiment industriel du Val de Seine !



Un jour d'avril, je me promenais avec ma caméra autour de l'île Seguin et je tomba nez à nez avec la cheminée en brique. Je la filma. Tournant autour. Je me rendis compte qu'elle touchait la limite des anciens terrains de Renault, côté Meudon. Intimement lié par le besoin : faire connaître le passé industriel et ouvrier du Val de Seine.
La Fabrique Gaupillat, sa propre histoire qui n'est pas celle de Renault mais qui connait les même problème en fin de parcours. Ils veulent la démolir et supprimer ce lieux unique et dernier témoin! Montrons notre désaccord! Que la Fabrique Gaupillat renaisse!

Venez nombreux à la conférence de presse lundi 14 février 2011 à 18h00, place Bergeyre, face à l’usine Gaupillat, 43 bis route de Vaugirard, organisé par l'association LA FABRIQUE.
Notre nombre fera la différence!

samedi 12 février 2011

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Billancourt le 26.7.54.

Un lieu et une date dans les boucles du stylo à bille, surement un bic, de couleur bleu sur un papier à lettre serti de ligne, la première du bloc pour modèle. Modèle du modèle : celui d'André. De sa ville, Billancourt et non Boulogne-Billancourt. Supprimé les berges du ruisseau. On est dedans. Au regard du modèle, la lettre plus courte, incisive et respectueuse : de leurs situations aux formules de politesse.

Je soussigne Duquenoy André employé à la Régie Renault

Phrase d'introduction pour montrer la valeur de son boulot, qu'on travaille pour l'effort nationale. Dix ans après la Libération, la situation est la même. Pas de changement. Toujours les même conditions. Mais il faudrait pas trop qu'ils se plaignent selon le Général. Ils ont la Sécu et la politique familiale. Mais pas d'un logement correct.

Solution de sauvetage à l'heure présente inacceptable dans quelques temps.

Le quelques temps qui durera jusqu'à la fin pour les enfants. L'école primaire, le lycée professionnel et l'arrivée dans une entreprise, quelle soit Nationalisé ou pas. L'espoir d'une plus grande pièce, il faudra attendre que quelqu'un libère de la place au 57 et augmenter le 12 m2 en double, si cela est possible car le hlm, ils ne l'auront pas. Espérer que les retraités, si ils arrivent à quitter l'usine, retourne près de la famille qu'elle soit en Savoie, en Normandie ou en Alsace. Mais généralement non. Mourir sur son établi, si possible le dimanche en famille - moins de paperasse pour l'administration de l'usine - pour sentir autre chose que la graisse dans laquelle on pataugeait, jusqu'au genoux parfois et marquer son absence le lendemain à l'atelier et voir la couronne de fleur de la Régie sur sa tombe qui sera mis de côté pour laisser plus de place à celle des copains. Le lundi d'après, un jeune quitte la rue de la ferme pour emprunté l'avenue Emile Zola et prendre la place.

Et j'ose croire qu'il vous sera possible d'y donner une suite favorable.

Eux non. Nous oui. Nous faire juste sentir les souvenirs et rien d'autre. L'école oui. L'usine non. Si juste quand on aura seize ans, pour nous montrer. Avoir notre Bac. Grande fierté du paternelle quand mon frangin l'a eu. Le premier de la famille.





samedi 5 février 2011

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LA VIE EST A NOUS de Jean Renoir (1936)

Grand film de propagande pour les élections de 1936. On connaît la suite. Et quelle belle suite.

Film qui résume toute les revendications du prolétariat à travers les revendication du Parti avec le génie de Renoir.

Je me souviendrais toujours le jours ou je l'ai découvert. En cours de "Cinéma et Histoire" en 1er année de fac. C'est Sylvie Lindeperg qui dirigeait ce Td à Paris 3. Souvenir intarissable de ce mouvement de foule chantant l'Internationale - chanson qui a été écrite par Eugène Pottier pendant la Commune de Paris de 1871 lors de la Semaine Sanglante - et de mon sourire, peut-être le seul de la salle. Je m'en moque : La vie est à nous!