lundi 28 février 2011

empreinte_06


Les enfants du paradis

D'errance en errance, je me perd. Trouve moins en moins d'intérêt à venir à Billancourt. Il ne reste plus qu'une sensation de malaise dans cette ville qui ne ressemble plus à grand chose. Les repères disparaissent. Obligé de remonter/descendre la rue du vieux pont de Sèvre. Ressentir ce trajet dans les pas. Peut-être qu'un matin tôt, au levé du soleil, je remonterai cette rue inscrite quelque part. A moitié dans les plans, entièrement Dans les pas. Le bloc noir aspire ce qu'il reste et m'oblige à m'abriter dans le 7, rue de Vanve. La porte s'ouvre sur le passage d'une habitante du troisième. Elle m'apprend que l'appartement de la grand-mère est occupé par un couple de jeune. J'aurais aimer le savoir libre. Le louer pour une journée ou plus. Le voir vide sans l'empreinte de nouveau locataire. Retrouver intact la vision enfantine. M'affaler dans la pièce qui servait de salon et d'entrée. La plus lumineuse. Imaginer le canapé, la caisse en carton et revêtement synthétique orange où était rassemblé les jouets. Les plantes près de la fenêtre. Aller dans la cuisine et revoir ce qui se passait par la fenêtre proche de l'évier où la grand-mère faisait sa toilette. Le petit cabiner où était l'armoire à pharmacie en plastique. Sur les portes de l'armoire j'espère retrouvé les mots croisées des plus grand groupe de rock, pop des années 60-70 : Pink Floyd, The Beatles, Deep Purple, Led Zeppelin... Imaginé et fait par mon père lors d'un dimanche pluvieux. Retour dans la cuisine pour ouvrir les placard et trouver notre collection de verre à moutarde. Je me souviens d'un seul : Darth Vador entouré de soldats de l'empire galactique. Retraverser le salon/entrée pour la salle à manger. Plafond en biseau. Le toit de l'immeuble est là accompagné par une petite fenêtre et le polystyrène fin comme isolant qui a laissé l'empreinte de nombreux bouchons de crémant d'Alsace, ramené ou commandé auprès du viticulteur de la famille. Passé la main et sentir sous la nouvelle couche de peinture blanche pour éclaircir. Au fond deux portes. Celle de droite la minuscule et sombre chambre et à gauche le cagibi où fut entassé tout le passé. C'était un rituel lors de nos repas dominicaux : ouvrir la porte, allumer la seule ampoule et fouiller dans la pièce sans fenêtre. On devait avoir des messages d'alerte de la grand-mère, de ne pas faire trop de bazars. A travers, on entendait le rire du monde adulte. Refermer cette porte, mettre un loquet à l'intérieur, le fermer derrière soi, entendre les sonorités hors du champ visuel jusqu'à l'ampoule casse et m'oblige à me souvenir, me souvenir, ne rien oublier avant de sortir pour une bonne fois et revoir le père, le jour du déménagement, remplir les valises loin du regard de la grand-mère. Il devait savoir qu'il n'arriverais pas à finir le livre et qu'il était essentiel de donner des pistes pour le poursuivre. Faire prendre du sens à la montée dominicale du 7, rue de Vanves et tout ce qu'elle induit.

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