vendredi 27 mai 2011

film_05

Billancourt désespère. Meurt à petit feux. Fermeture programmé depuis l'arrivée de George Besse. En 1991, la CFDT négocie les départs.

Pendant ce temps là, dans l'Est, d'autres essayent et espèrent. Faire venir un chanteur qui parlent de et pour nous. L'inviter à la porte de l'usine. Vielle Tradition. Moment fort et plein de sens. Venir soutenir les mains d'or. Bernard Lavilliers fait parti de ceux là. Venu à Uckange en octobre. Dire qu'ils existent et qu'ils veulent encore. Peut-être juste le temps de quelques chansons sous une bâche bleue. La pluie. Oublier l'angoisse. Chanter notre fierté d'être.



Merci à l'Employée pour le lien vers cet extrait depuis son texte.


samedi 14 mai 2011

Sortie de route_02

Les usines. Toujours intégrées et imaginées dans la ville. Image du XXe siècle. Mais il existe des vestiges un peu partout. Résistant à la pression immobilière. Ces temples d'Angkor trouvent leurs places dans le présent.

Oublié dans la Basse Normandie, près de Flers (61) qui ont fondu la majorité des plaques d'égouts de France, au moins celle du nord de la Loire. Au sud un lieu dit. Une cité industrielle. Et son four de calcination. Visible de loin. De près il se mélange aux arbres. Sans jamais aucune possibilités de l'approcher. Juste le voir disparaître.

Série, qui un temps s'appela Ruine.






















Photographies : © Jérôme Wurtz

jeudi 5 mai 2011

femme vient et s'en va de maryse hache #vasescommuniquants mai 2011

pour cet échange des #vasescommunicants, jérôme et moi, nous nous sommes donnés rendez-vous

c'était la deuxième fois que nous nous rencontrions

avais été à paris, aux atelier varan, à la projection de son film : fermeture

avons choisi des photos, lui dans les miennes, moi dans les siennes, et avons lancé l'écriture à partir d'elles




jérôme wurtz


femme vient et s'en va

demeure dans l'apparition disparition

sa carnation invente la pâleur de l'image

presque un rose twombly

ou un greige tapiès

ce matin-là elle palimpseste sa vie portraiturée je te dis

dans le linge des songes

elle l'a peut-être vu ce matin-là

quand elle traversait le paysage et passait près des ruines


elle l'a peut-être vu celui là-bas assis sous l'arche en plein cintre

goûtant l'air odorant


et si c'était l'amour

jusqu'au sourire

jusqu'au sang

jusqu'à la perte de son nom


son prénom il tiendra

armelle ou mélanie ou marcelle

l'écriture cherche une histoire un récit des mots pour elle

des mots pour lui

un surgissement de bribes

un paysage de possibles



jérôme wurtz


geste nonchalant

dans la lumière sous l'arche

dire oui au jour du monde

se poser dans l'attente du soir


dans la rêverie d'un lion d'or au festival de venise

à moins que

fermeture de l'usine

déclin de la classe ouvrière


mais la vie est à lui

là sous l'arche

regard sur la pierre


et les crapauds donnent de la voix


l'a-t-il aperçue au loin en contrebas

traverser le paysage près des aubépines

ou rêve-t-il plutôt à celle dont il a croisé les yeux bruns

dans le rer (c'est la passion qui passe ou quoi)

il y a quelques semaines

pendant son voyage dans la capitale

et une visite à une amie en vallée de chevreuse


je le vis je rougis je pâlis à sa vue


jérôme wurtz


et ces deux-là assises

sous le portique du temps

à deviser dans le rose

bâtiment en ruines

peut-être un ancien temple du 11e siècle

la pluie vient juste de cesser de couler

sur les grands blocs de pierre

au pied des colonnes

sur les touffes d'herbe


aux alentours grande forêt et odeur effarante de terre mouillée

l'air si doux le monde semble léger

et pourtant

paroles volètent


qu'est-ce qui te tourmente

guerre typhon famine

feu ou guerre

chaque année apporte ses catastrophes

j'ai vu des hommes battus comme des bêtes


en vérité la vie humaine est aussi fragile et éphémère

que la rosée du matin


je sais bien que je vais mourir


il se moquait de mon époux

il m'a poursuivi

j'ai couru à travers les sous-bois

il m'a rattrapée

il m'a prise

j'ai planté les yeux dans le soleil

et ai donné mon ardeur à l'inconnu

ailleurs des femmes ouvrent leur sexe pour quelque argent

dans le regard de mon époux une lame d'acier : le regard du mépris

tue-moi vite j'ai dit

n'en a rien fait

alors c'est moi qui ai planté ma dague dans son corps


ai planté l'écriture dans la pellicule


c'est le mot usine qui se laisse entendre soudain

le déclin de la classe ouvrière


ombre et lumière dans l'usine en ruines

comme dans la grande forêt

arbres feuilles soleil à l'extérieur de l'usine

comme dans la grande forêt

sanglots

une main doucement

retira la dague


ici voix se mêlent

temps se tissent

images soufflent leur couleur

humanité se trouve

hurle à travers la toile

accroche la tendresse

au bord de l'éternité

c'est grande gratitude




maryse hache


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Vous pouvez lire mon texte chez Semenoir

mercredi 4 mai 2011

Sortie de route_01



Prendre le train à Gare de l'Est, se tromper de train et découvrir un atelier abandonné au bord de la Marne. Laissé là, du jour au lendemain, a priori vers 1962. Devenu un entrepôt de machine dite obsolète.


























photographies : Jérôme Wurtz